Présentation de l’éditeur :
Hanté par la mort de son père, oublié par sa mère, blessé par l’absence de son frère adoré, un jeune Algérien se laisse peu à peu envahir par ses sentiments pour sa belle cousine. Très vite, un amour devient une obsession. Comment s’approprier cette fille capricieuse, si proche et pourtant inaccessible ? Entre les deux adolescents, une relation de victime à bourreau s’installe. Croyant apaiser sa souffrance, l’amoureux envisage de se venger de l’indifférente. Va-t-il l’emprisonner, la violer, la tuer ? Dans le silence du douar étouffant et torride, une tragédie se prépare…
Mon avis :
Après L’attentat et Les hirondelles de Kaboul [voir la Trilogie du grand malentendu], je découvre une autre facette stylistique de Yasmina Khadra : un récit à la première personne du singulier. Le narrateur, dont on ignore le nom, est un jeune homme mal dans sa peau, marqué par la mort de son père et par le départ de son frère aîné qu’il vit comme une forme d’abandon, fragilisé par l’indifférence de sa mère dont il cherche à attirer l’attention et persécuté par sa cruelle cousine K. Au fil des pages, il égrène les raisons et les symptômes de son mal-être, suscitant mon empathie de lectrice… Jusqu’à ce que, au détour d’un chapitre, la situation se retourne tout à fait et que la victime se révèle bourreau. Même choquée par ses actes, je ne peux m’empêcher d’éprouver de la compassion pour ce narrateur « à qui rien ne réussit » et qui voulait juste « donner » (voir extrait ci-dessous). L’auteur a su retracer admirablement le parcours de cet enfant mal-aimé avant d’en révéler les conséquences.
Au niveau du style, j’ai retrouvé la maîtrise des images et de la métaphore de Khadra, mais moins mesurée et ciselée que dans les deux œuvres mentionnées ci-dessus. C’est légèrement décevant de ce point de vue, mais l’intrigue n’en reste pas moins très bien traitée.
Le début du roman :
Il est des êtres à qui rien ne réussit.Malhabiles, la main qu’ils tendent à leur prochain l’éborgne. Ils s’en désolent, mais refusent de ranger leurs poings dans leurs poches. Ils se veulent utiles, s’appliquent à aimer les gens en vrac, sans critères et sans contrepartie, quelquefois avec une sincérité surfaite que rien ne justifie, sinon le besoin morbide de se croire capable de donner malgré leur statut de démuni. Si leur bon vouloir est terni par leurs maladresses, leur intention n’en semble point affectée. Ils s’obstineront à faire mal le bien qu’ils nourrissent pour les autres, pareils aux murènes – le baiser indissociable de la morsure.
[KHADRA Yasmina, Cousine K, Paris, éd. Julliard, 2010, coll. Pocket, p. 9.]
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