Un salon littéraire, un nouveau blog

J'avais déjà évoqué mes envies de changement dans un article précédent, ainsi que la possibilité que je crée un nouveau blog. C'est à présent chose faite, vous pouvez désormais (depuis novembre 2013) me retrouver dans mon salon littéraire, drapé de rouge et placé sous l'égide des grandes salonnières de l'Ancien Régime. Cet espace-ci, rebaptisé Mina a lu lors de mon changement de pseudonyme, restera ouvert à la consultation.


Excepté d'un point de vue visuel et graphique, il est probable que ce nouveau blog semble fort proche de celui-ci et que l'intérêt d'un nouvel espace n'apparaisse pas clairement ; une explication s'impose donc sans doute. Depuis quelques mois, j'ai eu le sentiment qu'un chapitre de mon existence se terminait ; non pas une page, mais bel et bien un chapitre, suite à plusieurs évènements personnels. Mon changement de situation sociale (pour m'exprimer plus clairement, j'ai terminé mes études) m'incite également à rechercher plus de sérieux dans ma présence en ligne. Pour ces deux raisons, j'ai décidé de créer un nouveau blog, afin de correspondre à ma "nouvelle vie", de marquer ce "nouveau départ". Je ne renie pas pour autant le passé et ce blog-ci, qui reste ouvert comme je l'ai précisé ci-dessus. Aussi futile que cela puisse paraître, j'ai besoin de marquer ce tournant personnel à travers mon blog, en laissant peu à peu derrière moi le "vestige" d'une époque qui n'est plus.

A bientôt dans Mon salon littéraire

Badinage et libertinage - Récapitulatif

Voici l'ultime récapitulatif de mon challenge Badinage et libertinage, augmenté de deux titres libertins lus par Marie et moi, ainsi que de quelques contributions nostalgiques, suite à une brève prolongation. Toujours passionnée par cette littérature, mais lassée par cette formule de lecture, tout comme les participants si j'en crois leur désertion, j'ai décidé d'arrêter là le challenge proprement dit, malgré les manques évidents de cette bibliographie. Pour combler ceux-ci, je proposerai désormais tous les deux mois des "rendez-vous libertins" sur mon nouveau blog, Mon salon littéraire.


Belette a lu 

Hélène Choco a lu  

Métaphore a lu  

Marie a lu  

Monsieur de C. a lu  

Mina a lu  

Grâce à la catégorie bonus des instituteurs immoraux, le libertinage a également été mis en évidence de façon plus théorique, grâce à des essais, des biographies ou la visite d'un château. 

Marie a lu  
  • La traversée du livre, une autobiographie de Jean-Jacques Pauvert, où est notamment évoquée l'affaire Sade
  • L'ultime faveur de Patrick Wald Lasowski

Monsieur de C. a lu

Syl. a visité le château de Valençay où a vécu, notamment, Talleyrand

Mina a lu  

Enfin, j'avais laissé la place aux romans historiques ou aux films et autres adaptations des romans libertins par la catégorie bonus des nostalgiques, dans laquelle Monsieur de C. a excellé, en présentant plusieurs œuvres en parallèle de ses lectures libertines.

Monsieur de C. a 

Shelbylee a lu Casanova et la femme sans visage d'Oliver Barde-Cabuçon

Mina a lu  

Quelques défis et des LC - Récapitulatif 2013 /2

En quittant ce blog-ci pour Mon salon littéraire, j'ai également laissé derrière moi quelques challenges. Je n'ai conservé que mes défis personnels et un défi intemporel centré sur une littérature que j'affectionne : celle de la francophonie, ainsi que le projet non fiction. Voici le bilan de ceux qui se sont terminés entre septembre et cette fin d'année.

Pendant un an, jusqu'en octobre, je suis partie à la découverte des éditions Luce Wilquin et de trois de ses collections : 
  • Sméraldine (romans)
Comme un roman-fleuve, Daniel Charneux
La danse de l'abeille, Françoise Houdart
Une aïeule libertine, Claudine Houriet 
Les mots de Maud, Jean Jauniaux
La Méridienne du cœur, Aurelia Jane Lee
Le sous-bois, Anne-Frédérique Rochat
  • Euphémie (nouvelles)
Ça ressemble à de l'amour, Line Alexandre
Nuageux à serein, Patrick Dupuis
Passés imparfaits, Patrick Dupuis
Les minutes célibataires, Valérie Nimal
  • Luciole (poche)
Dévoration suivi de Nuit blanche, André Sempoux

Le challenge n'a pas été prolongé et a vu lui succéder la découverte des éditions Quadrature jusqu'en novembre 2014.

D'avril 2012 à octobre 2013, Nathalie nous emmenait quant à elle en Italie, avec des auteurs de cette nationalité ou dont l’œuvre se déroulait dans ce pays, pour un beau viaggio, partiellement in italiano (avec des ouvrages en VO ou en version bilingue) à partir d'août 2012 grâce à Marie et George. En l'absence de catégorie pour le premier défi, je peux considérer l'avoir réussi avec mes cinq lectures : 
* Le roman d'Alessandro Baricco est ma seule lecture "in italiano", bien que je m'étais engagée à en faire deux. Ce défi est donc raté pour moi. 
Le viaggio se poursuit sans limite temporelle chez Eimelle, tandis que l'aspect linguistique "in italiano" est prolongé d'un an par Marie et George.

D'humeur voyageuse, j'ai également suivi Adalana pendant une partie de son challenge Ecrivains japonais : un calendrier de lectures par mois avait été établi afin de guider les participants qui pouvaient choisir la ou les sessions de leur choix. J'ai donc lu Sommeil de Murakami Haruki en février, La marche de Mina d'Ogawa Yōko en mars et Bizan de Dazai Osamu en avril, avec peu de conviction, avant d'être davantage convaincue par la nouvelle Seventeen d'Ōe Kenzaburō en juin et par la pièce de théâtre Madame de Sade de Mishima Yukio en septembre. Le challenge n'est pas prolongé, mais Adalana a évoqué dans les commentaires de son blog un autre défi lié au Japon à l'avenir.

Le voyage que je proposais moi-même entre juillet 2012 et fin décembre 2013 était plutôt historique : le défi Badinage et libertinage invitait à la découverte du roman libertin du 18e siècle, qui me passionne. Voici la liste des œuvres lues et commentées durant cette période :
Outre ces romans, j'ai également lu des essais sur le libertinage et des études littéraires sur certaines œuvres particulières : 
Par la catégorie nostalgique, j'invitais à un retour au présent et à la lecture d'ouvrages historiques consacrés à ce courant culturel ou à certains auteurs :
Après avoir été prolongé de quelques mois, ce challenge est tout à fait terminé, tout en se poursuivant sous une autre forme sur Mon salon littéraire : des rendez-vous libertins seront désormais fixés tous les deux mois.
 
Enfin, j'ai véritablement commencé cette année le challenge de Denis, consacré à la "Littérature francophone d'ailleurs" (c'est-à-dire aux œuvres d'auteurs non français écrivant dans cette langue), classée en quatre grandes catégories sur son blog. J'ai personnellement contribué cette année (sur ce blog-ci, donc jusqu'à la fin du mois d'octobre) à toutes, et en particulier à la première, avec dix-huit auteurs belges. 
  

  • Littérature des pays où le français est la langue maternelle des écrivains : 
    • Belgique 
Compartiment auteurs
Petites musiques de nuit
Line Alexandre - Ca ressemble à de l'amour
Franck Andriat - Jolie librairie dans la lumière
Frédéric Chanel - Miraculeuse Maryllis et Grandes filles modèles
Daniel Charneux - Comme un roman-fleuve
Agnès Dumont - Demain, je franchis la frontière
Patrick Dupuis - Passés imparfaits et Nuageux à serein
Amandine Fairon et Olivier Bauche - Prestigidi' saveurs
René Godenne - La nouvelle
Françoise Houdart - La danse de l'abeille
Jean Jauniaux - Les mots de Maud
Caroline Lamarche - Mira
Dominique Maes - Histoire de culte et Amours à mort
Myriam Mallié - La petite sirène
Valérie Nimal - Les Minutes célibataires
André Sempoux - Dévoration suivi de Nuit blanche
Sandrine Willems - Una voce poco fa
    • Suisse
Claudine Houriet - Une aïeule libertine
Anne-Frédérique Rochat - Le sous-bois

  • Littérature des pays où le français s'est développé comme langue de colonisation, et subsiste comme langue de culture ou de communication : 
Ce challenge est illimité dans le temps et toujours ouvert aux participations. Ne l'ayant jamais ressenti comme un véritable challenge contraignant, j'ai décidé de le poursuivre sur Mon salon littéraire, où la place accordée à la littérature francophone est aussi importante qu'ici.

Pour terminer ce bilan, il ne me reste qu'à revenir sur mes lectures communes avec diverses blogueuses. Il y a eu des relectures et quelques découvertes assez agréables : 
Depuis juillet, j'ai également trouvé en Marie une fidèle compagne-lectrice de romans libertins. Nous en avons lu ensemble trois (et un quatrième est en cours), avec divers bonheurs et des ressentis souvent proches.
Ainsi que je le précisais au début de cet article, j'ai décidé de limiter davantage les challenges à l'avenir. Tout au long de cette année, j'ai ressenti une certaine lassitude vis-à-vis de ces activités et, surtout, je ne m'y amusais plus. A vouloir trop bien faire, je me stressais et m'obligeais à écrire, même lorsque je n'avais pas grand-chose à dire. Dans ces conditions, il me semble plus sage de ne garder que les projets qui me motivent sans me paraître contraignants.

Et dans ses veines coulait la sève, Emmanuelle Cart-Tanneur

Contrairement aux autres recueils de nouvelles que j’ai lus ce mois-ci, celui d’Emmanuelle Cart-Tanneur n’est pas construit autour d’un thème ou d’une construction particulière : y sont abordés des sujets aussi divers que la lecture et l’art, les meurtres, la mort et le deuil, la guerre et les querelles familiales. D’une veine assez fantastique, l’auteure passe aisément à une autre d’inspiration plus noire ou réaliste, en semblant à l’aise dans toutes. Qu’elle choisisse d’intégrer une chute, de jouer plutôt sur l’émotion ou d’aborder des sujets plus délicats, tels que la délation et les conflits raciaux, tous les tons paraissent justes, bien dosés et maîtrisés. Dans cet ensemble hétéroclite, chaque nouvelle constitue une surprise, une « terre inconnue » à découvrir.

Parmi tous ces textes, ce ne sont pas les plus étonnants ou originaux qui ont retenu mon attention, mais plutôt deux nouvelles qui se placent à la limite de l’onirisme pour évoquer des conflits entre deux « peuples ». La funambule se place sur le fil entre le réalisme et l’abstraction, laissant à la fois deviner la guerre qu’elle évoque et rendant cette donnée insignifiante. Seule compte la ligne de démarcation et la marche de la funambule, artiste et héroïne populaire. Ce texte m’a paru l’un des plus réussis par sa force évocatrice et son abstraction littéraire, qui lient par ce procédé aussi bien le fond que la forme. Plus loin, une autre figure féminine comprendra quant à elle qu’Il suffit parfois de passer le pont pour briser les frontières et les querelles qui empoisonnent les existences. Deux marches symboliques, chacune à leur niveau, pour affirmer la volonté de paix et d’harmonie.

[Emmanuelle Cart-Tanneur, Et dans ses veines coulait la sève, Paris, éd. Terre d’auteurs, 2013]
* SP reçu de l’auteure *

Mira, Caroline Lamarche

La ville est proche de la zone des combats. Pourtant on y vit tranquille. Sur les berges du fleuve, par beau temps, on se couche. D’immenses peupliers font de l’ombre, ils bruissent sur le fond sonore d’une circulation permanente, voitures, camions. L’eau, on ne l’entend plus. [La Barbière, p. 9]
Dans ce cadre urbain et étrangement calme en ce temps de guerre, Mira travaille chez la Barbière, une femme qui rase aussi bien les barbes que les yeux des volontaires, à donner en offrande au dieu guerrier, abrité dans un bâtiment voisin. Sous une première apparence réaliste, se déploie donc un univers fantastique et irréel, relevant presque de la science-fiction.
L’île est seule sous le ciel. À des milles à la ronde, pas un lieu habité. Quelques rochers éparpillés sur la mer étincellent à tribord du ferry qui transporte les touristes impatients et les îliens de retour du continent, des achats plein le coffre de leur voiture ou serrés dans de grands sacs à dos. [L’île, p. 63]
Au terme de cette première double aventure (double par les deux hommes qui la partagent et par les deux sens du terme à comprendre : aussi bien une aventure sensuelle qu’une aventure romanesque), Mira quitte la ville pour une île perdue au milieu de la mer, où elle parviendra tant bien que mal à se faire accepter des autochtones et engager par l’un d’eux. L’atmosphère, marquée aussi bien par le climat marin que par l’âpreté des paysages, se teinte là aussi de fantastique, mais de façon plus légère, par petites touches ou par la fantaisie de quelques personnages.
C’est une petite station, une rue unique, quelques commerces de location de skis, qui proposent des vêtements d’hiver régulièrement soldés, anoraks à capuchon ourlé de fourrure, fuseaux, gants et bonnets. La vallée à cet endroit est encaissée, une vallée secondaire où coule un ruisseau qui joue au torrent par places. [Le futur, p. 103] 
Dans la troisième partie, le lieu change à nouveau fortement : de la mer, Mira se rend dans les montagnes, espérant là aussi se trouver parmi cette petite colonie villageoise, pourtant peu favorable aux étrangers.

Ces trois « tableaux » très différents, qui pourraient presque constituer chacun un petit récit indépendant, sont néanmoins liés par la quête de l’héroïne, aussi bien à la recherche de son frère disparu à la guerre que d’elle-même. Son parcours se fait alors initiatique : il lui faut faire son deuil pour se reconstruire différemment, seule, et de cette façon parvenir à aimer et à se laisser aimer. Pour cela, elle fera l’expérience du désir, de la mise en scène artistique de celui-ci et en jouera afin de parvenir à ses fins, qu’elles soient vengeresses ou  intellectuelles. L’érotisme de Caroline Lamarche a été qualifié de « noir » par plusieurs journalistes ; il est vrai que la guerre et la mort ne sont jamais loin, de même que l’inceste. Entre la recherche du frère et des retrouvailles par procuration, la frontière est mince et franchie à plusieurs reprises. Les utilisations artistiques et spectaculaires accentuent également la noirceur de cet érotisme, exprimé aussi bien par des scènes crues et obscènes que par d’autres plus elliptiques et joliment métaphorisées.

Dans ce roman réalistico-fantaisiste et érotique, Caroline Lamarche parvient à mêler les univers, l’étrange, l’inquiétant et le réalisme noir, tout en traitant avec justesse de plusieurs thèmes (la construction de soi et son identité, le désir et l’amour, la représentation de l’érotisme dans la société, la guerre, la fraternité et le deuil, entre autres), sans jamais s’y perdre et en faire trop. Un tour de force littéraire élégamment réussi.

[Caroline Lamarche, Mira, Bruxelles, éd. Les Impressions Nouvelles, coll. Traverses, 2013]

Note : la première partie du roman, La Barbière, est parue aux Impressions Nouvelles en 2007 sous ce titre, accompagnée d’illustrations de Charlotte Mollet.

* SP reçu de l'éditeur via Babelio *
* Littérature francophone : Belgique *

Dans la même collection :